Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

PAUL-ESPACE-CONTRIBUTION

Publicité
Archives
PAUL-ESPACE-CONTRIBUTION
Derniers commentaires
Newsletter
PAUL-ESPACE-CONTRIBUTION
  • Ce blog est un espace de réflexion sur des thématiques socio-politiques. Il me permet de publier des contributions sur des questions de société et politiques, mais aussi de réagir sur des sujets culturels et religieux. Cependant, j'accepte toutes critiques
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Catégories
15 avril 2010

Qu’est-ce qu’être Joola aujourd’hui ?

Patrice DIATTA (Boc) – Etre Joola au 21e siècle – 13 avril 2010

Qu’est-ce qu’être Joola aujourd’hui ?

Le processus de la mondialisation et les mouvements de mobilité nationale, sous-régionale et internationale – qui font qu’on retrouve aujourd’hui des Joola en Mauritanie, au Gabon, au Brésil, aux USA, en Russie, en Australie, etc. – amène tout naturellement à s'interroger sur la possibilité et la pertinence de l'identité Joola d’aujourd’hui. Vue sous cet angle, la question de Ange Lucien (Leuk), n’est pas si marrante, encore moins naïve. Elle vient plutôt au moment opportun car un peu partout maintenant, même ici en France, la question de l’identité est d’actualité. Cela se justifie, en partie, par le fait que les cultures se sont tellement entrecroisées, les gens se sont tellement métissées, pour ne pas dire « mélangées », et les langues se sont tellement « créolisées » par des emprunts mutuels qu’il est devenu quasiment impossible d’essayer de dire qui est qui aujourd’hui.

A ce titre, pour ma part, une tentative de réponse à la question de savoir « qu’est-ce qu’un Joola ? » ne peut donc qu’être hasardeuse voire dangereuse car il n’existe pas de prototype (c’est-à-dire de modèle figé) Joola. Je m’explique :

-Autrefois, le mariage chez les Joola était pour l’essentiel endogamique (c’est-à-dire qu’on épousait les femmes du clan, du quartier, du village, du groupe). Les enfants parlaient le Joola, conduisaient les troupeaux, apprenaient à cultiver, lutter, récolter le vin de palme, etc. Les familles dites riches étaient celles qui possédaient beaucoup de vaches, de champs rizicoles et, pourquoi pas, celles où il y avait beaucoup d’enfants (de sexe masculin notamment), etc. Le pouvoir et l’honneur d’une famille se mesuraient donc à travers ces critères. Vous n’avez qu’à écouter les chansons funéraires des Joola, il n’y est question que de cela (bravoure, richesse, habilité, etc.).

- Aujourd’hui, le mariage chez les Joola est de plus en plus exogamie (des Arabes, Sarakholé,  Manjack, Wolof, Togolais, Européens, Asiatiques, etc. sont désormais des maris ou femmes de Joola). Les enfants sont adeptes de la religion traditionnelle, chrétiens, musulmans, athées, etc. Beaucoup ont été à l’école, n’ont pas appris à cultiver, récolter le vin de palme, lutter, etc. A côté de la classique migration saisonnière des hommes et des jeunes filles, on assiste de plus en plus à une migration longue durée avec des Joola qui s’installent désormais et fondent leur famille en Guinée-Bissau, Gambie, Dakar, Europe, Océanie, etc.

En essayant d’opposer de manière caricaturale deux catégories de Joola (ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui), l’idée est simplement de monter que l’ « identité » Joola, si elle existe, elle est aujourd’hui largement brouillée et il ne serait pas objectif d’essayer (même si je comprends certains nostalgiques) de l’aborder comme une culture figée et fermée à l’histoire et à l’extérieur.

Toutefois, s’il s’agissait de savoir par exemple « qu’est-ce qu’être Joola aujourd’hui? », à ce moment là on pourrait peut-être avancer quelques éléments de réponses possibles.

D’abord, être Joola aujourd’hui c’est avant tout du ressenti c’est-à-dire la conviction ou, du moins, l’impression qu’on a d’appartenir au groupe, de partager une bonne partie de son système de valeurs fondamentales, et de se sentir bien tel quel. C’est donc la dimension psychologique.

Ensuite, être Joola aujourd’hui c’est aussi et surtout un processus d’identification qui consiste à mettre parfois en avant dans ses activités quotidiennes ou ses relations avec autrui, des valeurs qu’on attribuerait en général au groupe Joola. On dit souvent que les relations hommes / femmes sont moins inégalitaires chez nous les Joola que chez nos voisins Peulh ou Wolof. On dit parfois aussi que les Joola sont courageux (cf. l’image de la femme de ménage Joola à Dakar), honnête, sincère et scrupuleux (cf. l’image du responsable politique Joola à qui l’on reprochera souvent de ne pas assez détourner de l’argent public pour aider les gens de sa communauté). Là c’est la dimension sociologique.

Enfin, être Joola – je sais que cette dernière partie est très discutable et même très provocante –  c’est également manifester une certaine fierté à pratiquer mais aussi à défendre la langue Joola et le dialecte du Joola Kaasa en particulier comme un patrimoine linguistique, une richesse commune. Personne n’ignore que le Joola et surtout notre dialecte est aujourd’hui menacé d’extension aussi bien par le wolof, le manding, le français et même l’espagnol et l’anglais.

Le Joola fait partie aujourd’hui de ce qu’on appelle les langues minoritaires c’est-à-dire ces langues considérées comme menacées faute de ne plus avoir de locuteurs d'ici la fin du 21e siècle. Quel gâchis ! Nous pourrions faire le petit effort d’apprendre quelques notions élémentaires aux jeunes générations nées en milieux urbains ou à l’étranger. De même, dans ce Sénégal où il n’y a pas une politique linguistique claire, les linguistiques Joola doivent profiter de ce vide pour pousser les politiques à défendre le Joola Kaasa comme un dialecte singulier (riche par ses proverbes, ses figures de style, son intonation, sa syntaxe, etc.) qui véhicule des savoirs locaux spécifiques. Des dictionnaires Joola Kaasa / Français, Joola Kaasa / Anglais, Joola Kaasa / Espagnol…pourraient aussi s’envisager.

NB : Pour éviter toute confusion, par « fierté » de parler le Joola ou de réclamer son appartenance à ce groupe socio-ethnique, il ne s’agit pas du tout d’encourager une certaine forme d’« arrogance » qui conduirait à penser que les autres seraient inférieurs à nous. Il est question simplement d’inciter aux uns et aux autres à savoir accepter et assumer le fait d’avoir une origine (directe ou indirecte) Joola aussi respectable que toutes les autres origines ethnico-linguistiques. 

Publicité
Publicité
15 avril 2010

L'identité diola: Ajoola

AJOOLA

 

Qu’est –ce que l’animisme ?

L’animisme, du latin animus, originairement esprit, puis âme, est la croyance en une âme, une force vitale, animant les êtres vivants mais aussi les éléments naturels, comme les pierres ou le vent. Ces âmes ou ces esprits mystiques, manifestations de défunts ou de divinités animales, peuvent agir sur le monde tangible de manière bénéfique ou non. Il convient donc de leur vouer un culte[[1]]. Ainsi défini, l'animisme peut caractériser des sociétés extrêmement diverses, situées sur tous les continents.

Dans le dictionnaire « le Robert », il est défini comme : « Attitude consistant à attribuer aux choses une âme analogue à l’âme humaine »[2]. Une attitude n’est pas une nature. Elle peut être éduquée. Elle peut évoluer. Donc, un animiste est un être, partageant la même la nature humaine avec d’autres humains ayant des croyances et des pratiques différentes. Ces humains ont en commun le même questionnement existentialiste : Qui sommes-nous ? Où allons-nous? Que cherchons-nous?

Qu’est-ce que le Bakin ?

Pour aller court, on dira que le Bakin est un fétiche. Mais si on veut aller plus loin, il importe de savoir ce que signifie un fétiche. Selon le dictionnaire ‘ Le Robert’ le fétiche est « un objet de culte des civilisations animistes auquel on attribue un pouvoir bénéfique. »[3]Et selon l’ethnologie, ce culte, le fétichisme, consiste dans l'adoration des objets naturels, tels que les éléments, surtout le feu, les fleuves, les animaux, les arbres, les pierres mêmes ; ou d'êtres invisibles, génies bienfaisants ou malfaisants, créés par la superstition et  la crainte. C’est ainsi que le regard extérieur à la culture tente de définir ce qu’il a vu. D’après ma sensibilité personnelle, je pense que de manière générique le Bakin est une institution sociale qui garantit l’équilibre vital d’un groupe. Chaque Bakin fonctionne avec des normes propres selon ses attributions. La finalité n’est pas de nuire l’homme, mais de protéger le groupe. Nous savons que ces animistes ne tiennent pas ces intermédiaires pour Dieu. Ils ont un respect obséquieux d’At’Emit (le Maître de l’Au-delà) au point qu’IL n’est pas désigné de manière appropriée. Les critiques vont jusqu’à leur taxer d’idolâtrie.

En parlant du rapport entre les religions et le fétichisme, Alfred Binet écrit : « il est certain que toutes les religions côtoient le fétichisme, et quelques-unes y aboutissent. » C'est ainsi que Binet analyse les crises d'iconoclasme des religions monothéistes telles les destructions par certains chrétiens des iconostases de la religion chrétienne orthodoxe qui n'a jamais renoncé aux icônes. On peut aussi se rappeler l'épisode de la destruction des Bouddhas géants de pierres de Bamyan par les Talibans d’Afganistan. Ceux, qui ont su fixer par écrit leurs croyances et supprimer les intermédiaires entre eux et le Tout-puissant, sont qualifiés de monotheiste. Cependant dans les pratiques quotidiennes nous constatons la recrudescence d’intermédiaires sous d’autres formes. Un chrétien a –t-il besoin de tant d’intermédiaires pour prier le Dieu Unique ?

Qu’est-ce qu’un chrétien ou un baptisé au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ? Je rappelle que c’est le baptême qui fait d’un individu un chrétien. La question me semble un peu redondante. Tout de même prenons-la comme telle. Celui qui est baptisé au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit devient chrétien par cet acte. Ce qui veut dire qu’il adhère au message évangélique et doit vivre selon l’esprit de la Parole de Dieu. Mais cette Parole de Dieu n’est pas désincarnée ni « désinculturée. » Elle s’est incarnée et inculturée par le Fils, Jésus-Christ notre Seigneur :  « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes ( ….) Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père (Jn 1, 1-4,14». Par l’action de l’Esprit-Saint, des hommes et des femmes continuent à porter le Message vers les peuples à travers le monde entier sans leur demander de se dévêtir de leur culture. Lorsque le Message va vers les peuples, Il y va nécessairement à la rencontre des cultures pour leur insuffler son Esprit vivificateur. Le Christ recommande de semer la Parole et non le contraire : aller vers pour partager la lumière.

Somme toute, en tant que diola nous avons des valeurs peut-être à apporter à l’humanité. Mais cela exige qu’on sorte de notre « autarcisme » pour partager ce que nous avons de mieux. La question de l’identité Joola est importante. Car pour donner, il faut se connaître. Qu’avons-nous de particuliers par rapport aux autres ? Au-delà de la nature humaine que nous partageons avec l’humanité tout entière, notre particularisme peut être tiré justement de la philosophie (conception du monde) et de la culture joola.

J’espère que ma contribution peut servir s’intéresser davantage à notre culture si on ne veut pas qu’elle disparaît. Cela est un combat qui doit être soutenu par une réflexion constante.

Paul Ange DIATTA


[1] « Animisme », in Jean-François Dortier (dir.), Le Dictionnaire des sciences humaines, Éditions Sciences Humaines, Auxerre, 2004, p. 19

[2] Voir « Animisme» in Dictionnaire le ROBERT, éd. 2009, 75013, Paris

[3] Voir « Fétiche » in  Dictionnaire le ROBERT, éd. 2009, 75013, Paris

15 avril 2010

LA CIRCONCISION DIOLA : UNE DIMENSION DE L’INITIATION

LA CIRCONCISION : UNE DIMENSION DE L’INITIATION TRADITIONNELLE DIOLA

bukut

Je salue ici la démarche intellectuelle entreprise par l’abbé Jules Pascale Coly par rapport à une problématique complexe : l’initiation Diola. Dans son article, il a posé le problème de manière à éclairer les fidèles chrétiens originaires des villages concernés. Il ne s’agit pas de diaboliser à la manière des premières missionnaires une tradition multiséculaire. La circoncision est une étape charnière de l’initiation diola ne peut être comprise que dans son contexte. La critique à faire à nos pratiques ancestrales devrait s’opérer de l’intérieur dans une logique interne pour éviter toute subjectivité ou jugement de valeurs. Je regrette l’amalgame qui subsiste parfois dans l’usage des termes tels que tradition, culture et religion. Cependant, je reconnais qu’il est difficile de distinguer tradition, culture et religion dans les pratiques ancestrales courantes. De la même manière qu’il était tout autant difficile de séparer évangélisation et colonisation. Notre peuple a une histoire, une culture et une tradition riches. Certes, tout n’est pas bon et tout n’est pas mauvais non plus. C’est dans l’évolution du temps que ses éléments s’épurent et s’adapte au contact des autres cultures. Accueilli par la force et la souffrance, l’évangile n’a pas été partout « Bonne Nouvelle ». A la place du Christ, c’est le message de la colonisation qui a été annoncé au peuple diola en faisant table rase de l’existant.  Les juifs et les gentils qui se sont convertis à la nouvelle religion l’ont fait sur la base de leur propre culture avec des incompatibilités qui ont fait l’objet d’un concile à Jérusalem en l’an 50 (Ac. 15,1-35). Des judéo-chrétiens d’obédience pharisienne, réclamant que soit imposé aux convertis d’origine païenne l’ensemble des observations mosaïques, à commencer par la circoncision. Les arbitres sont désignés (v. 6), en la personne des apôtres et anciens, réunis pour l’occasion en un conseil commun. Le discours de Pierre (v. 6-11) constitue le morceau de choix de cette joute oratoire : le premier des Douze s’y réfère à sa propre pratique missionnaire, exercée à Jérusalem dès le début de la vie ecclésiale ; il la justifie au nom du choix de Dieu, manifesté à travers le don de l’Esprit ; il affirme l’impertinence de toute distinction ethnique, au regard de la foi commune à tous ; il dénonce le légalisme juif, insupportable même à ceux qui s’en font les propagandistes ; enfin, il rappelle le primat de la grâce, dans une économie de salut fondée sur la foi… On ne peut rêver plus paulinien que le Pierre du livre des Actes… Si l’on croit Paul lui-même (épître aux Galates), les choses ne furent pas aussi simples… En tout cas, une telle éloquence saisit l’auditoire et reçoit la confirmation de faits concrets ("signes et prodiges") alors rapportés par les deux acteurs de terrain que sont Paul et Barnabé. Et pourtant, leur devenir chrétien et leur foi ont traversé des siècles jusqu’à nous. En faisant étude comparative des deux faits, on remarque des constances. D’une part, on partage la même foi pas la même culture. Et d’autre part, chez les diola, on appartient à la même culture et même ethnie, mais ne confessons pas la même foi. Donc si nous convenons que l’initiation traditionnelle diola relève de l’acte culturel et social, elle ne peut être opposée à la foi chrétienne. Faut-il évangéliser cet acte ? Pourquoi ? Comment ?

La circoncision est une pratique très ancienne et dont l’origine reste inconnue. La signification varie d’une religion à une autre. Dans l’Ancien Testament, c’est Abraham qui reçu l’ordre de circoncire : « Dieu dit à Abraham: Toi, tu garderas mon alliance, toi et tes descendants après toi, selon leurs générations.

C’est ici mon alliance, que vous garderez entre moi et vous, et ta postérité après toi: tout mâle parmi vous sera circoncis.

Vous vous circoncirez; et ce sera un signe d’alliance entre moi et vous » (Gn 17, 9-11)

La circoncision est ici un acte posé à la demande de Dieu par Abraham pour signifier son Alliance avec sa descendance. L’Alliance peut-elle être réduite à cet acte ? Elle va au-delà de l’acte.

La circoncision chez les chrétiens ne se posait pas au départ parce que les premiers chrétiens étaient juifs et donc circoncis. Ainsi, ils continuèrent à pratiquer la circoncision chez leurs descendants et trouvaient qu’il était normal que tout nouveau converti au christianisme doive se faire circoncire. Cette pratique appartenait dans ce cas de figure à la tradition juive. Ce que nous pouvons appeler tradition chrétienne ne s’est construite qu’avec l’apport culturel des uns et des autres au filtre du Kérygme (Le kérygme est la proclamation de la vérité concernant “l'œuvre de Christ”. ... à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication). Or les chrétiens qu’on veuille interdire d’aller à la circoncision sont peut-être déjà circoncis. Ceux qui vont au bois sacré, ils se font circoncire à l’hôpital avant l’échéance. Donc, ils ont ou vont poser cet acte taxé de démoniaque. Quel est le prêtre qui n’est pas circoncis ? Alors, qu’est-ce qui n’est pas bien : la circoncision ? Le bois sacré où on va couper son bois pour de multiples besoins ? Peut-être l’esprit ? Oui l’esprit ? Mais c’est quoi l’esprit diola ? Est-il incompatible à la foi chrétienne ?

Si l’initiation traditionnelle diola est incompatible à la foi chrétienne, tout l’être diola devrait être incompatible à celle-ci. Car pour parler sa langue maternelle, les parents et la communauté initie l’enfant dès la conception et pendant toute l’enfance et l’adolescence. Je prends l’exemple de la lange parce qu’elle était considérée inapte à véhiculer le précieux message du Christ, la belle liturgie chrétienne. Mais à force de combats et de bon sens, l’église a fini par comprendre que pour mieux évangéliser il faut aller vers les gens en faisant confiance au pouvoir de l’Esprit Saint.  Lorsque Dieu veut agir dans notre vie, il le fait par le Saint-Esprit. Son œuvre principale consiste à transformer les croyants en l'image de Christ. Il convainc également le croyant de péché et de jugement (Jn 16:7-11) ; il enseigne, instruit et conduit dans la vérité (Jn 16:13-15). Il produit le fruit de l'Esprit dans notre vie (Gal. 5:22-23) et il accorde les dons et capacités spirituels pour le service (1 Cor. 12:4, 7,11). C'est par l'œuvre intérieure du Saint-Esprit que le croyant est sauvé et régénéré. Le Saint-Esprit conduit également ce dernier dans sa vie chrétienne, l'équipe pour le ministère et le rend capable d'adorer Dieu d'une manière qui lui est agréable.

Le Saint-Esprit renouvelle l'intelligence du croyant pour qu'il puisse comprendre et reconnaître la vérité et l'autorité des Ecritures. L'Esprit fait de lui une nouvelle créature et lui restaure la communion avec Dieu et avec son prochain.

Il sanctifie le croyant progressivement pour que sa vie devienne de plus en plus un reflet du Seigneur.

Le Saint-Esprit réside en nous et nous devenons son temple. Sa présence se manifeste par le fruit qui peut être résumé essentiellement dans la sagesse et l'amour. Il faut cependant noter que la présence permanente de l'Esprit dans la vie du croyant ne garantit pas une plénitude constante, parce que l'Esprit peut être attristé, d'où le besoin continuel d'être rempli de l'Esprit.

Donc, c’est dans la confiance en l’Esprit que l’exhorte les pasteurs et les fidèles chrétiens diola à faire preuve de discernement dans le processus du devenir chrétien. Ce processus ne doit pas nous extirper des fondamentaux de nos cultures et traditions diola. Car comme le dit Bruno Raya « un peuple sans culture, c’est comme un arbre sans racines ».

Paul Ange DIATTA

Tél. 0033663561049

ange_diatta@msn.com

Réaction de Patrice Diatta


Personnellement j'ai été très étonné des nombreux amalgames notés ça et là.
- D'abord celui qui consiste à confondre la cérémonie d'initiation Joola à un rituel diabolique. C'est exactement la même approche qu'avaient les tout premiers missionnaires occidentaux quand ils ont venus "chasser les ténèbres" en Afrique pour y semer "la civilisation". Aujourd'hui, les chercheurs en sciences sociales et les anthropologues en particulier nous ont aidé à dépasser ces préjugés évolutionnistes sur les religions et/ou les cultures africaines et je m'étonne que Jules Pascal, que je connais, en soit encore là. Je suis sûr que s'il se documentait un petit peu plus - en sortant de la seule théologie (il pourrait lire par exemple les travaux du Père Michel Gerlier sur l'inculturation ou sur la religion manjaku précisément, ou encore ceux du Père Nazaire Diatta, de Louis-Vincent Thomas sur l'initiation Joola, etc - il aurait un avis beaucoup plus nuancé.
- Ensuite celui qui laisse penser le lecteur que les Joola seraient "animistes", "paganistes","idolâtres", ou, tout au plus, "polythéistes" en ce sens qu'ils offriraient des sacrifices à des puissances et non à Dieu. Or il me semble que ce n'est pas le christianisme qui a montré  aux Joola l’existence de "Ata Emit", concept qui ne s'emploie d'ailleurs jamais au pluriel.
- Enfin le dernier amalgame, et non le moins grave, c'est la confusion totale entre religion et culture. Dans le kassa, à Mlomp exactement, le fait d'immoler beaucoup de taureaux et autres animaux au sortir de la grande initiation, n'est pas nécessairement un SACRIFICE RELIGIEUX. Les animaux n'étant pas tués devant un autel, mais dans la nature, c'est donc un acte profane, c'est pour faire la fête. C'est exactement comme quand on immole des animaux pendant les ordinations, les mariages, etc.
Tout ce bavardage pour dire que je ne suis pas convaincu de l'incompatibilité entre foi chrétienne et initiation Joola. Au contraire, il est urgent, me semble-t-il, pour les pasteurs de nos églises d'encourager le dialogue entre le christianisme et la religion négro africaine pour l'unification du fidèle chrétien en terre africaine et pour l'épanouissement des aspects les plus nobles de la foi de nos pères.
Amicalement
Patrice Boc

Je trouve tes interrogations très pertinentes même si elles font sourire un petit peu.
Si l’initiation n’était qu’un mécanisme de transmissions de connaissances (intellectuelles, religieuses et/ou mystiques), elle aurait complètement disparu aujourd’hui. Car, de nos jours, le modèle d’éducation occidental qui s’est érigé en référence universelle en matière de transmission organisée des connaissances, nous conduit à considérer que le savoir est toujours d’ordre intellectuel et que l’enseignant est là pour expliquer des concepts qui pourraient aussi être appris avec des livres ou des vidéos, même lors d’un enseignement en relation avec la spiritualité.
Et pourtant, un peu partout dans le monde, l’évocation du concept d’initiation qui remonte à la nuit des temps et franchi les frontières continue encore de faire sens (cf. Les loges maçonniques en Occident, certains arts martiaux en Asie, etc.).
Pour ce qui est de l’initiation en Afrique Noire, ou en pays Joola précisément, elle est toujours destinée à réaliser psychologiquement le passage d’un état, réputé inférieur, de l’être à un état supérieur. C’est l’événement par lequel “l’homme naturel fait place à l’homme culturel” grâce à l’acquisition certes de nouveaux savoirs, mais surtout de nouveaux droits et devoirs dans la société (à Mlomp, par exemple, on ne peut pas participer à un enterrement dans le cimetière traditionnel si on n’est pas initié, on ne peut pas franchir des étapes rituelles comme le “ hun
gamaj
“si on n’est pas initié, on n’a pas droit au qualificatif de “ An ahaan” si on n’est pas initié, etc.). La cérémonie d’initiation est donc non seulement un processus de socialisation de l’individu mais encore et surtout un exercice de croissance et de maturité qui va culminer dans le sens de la responsabilité, de la notabilité et de la respectabilité. C’est justement à cause de cette complexité de la chose qu’on dit que “l’initiation ne se raconte pas, elle se vit”.

Quant à la question de savoir s’il est obligatoire aujourd’hui de se faire initier, ma réponse est non mais avec une petite nuance! Dans ce contexte de mondialisation et donc de mobilité des individus - (il y aurait même des Joola en Chine maintenant (rire) - les droits et les pouvoirs qu’octroyait autrefois l’initiation n’ont plus un grand sens pratique quand on n’habite pas à Mlomp. De plus, aujourd’hui, toutes les cultures “s’entrepénètrent” et il n’existe donc plus de culture authentique. “L’authenticité Joola” est un leurre quand on sait que même la riziculture ou le “bukut” sont des emprunts culturels historiquement datés.
La culture évolue et les nouvelles générations de Joola qui ne connaissent absolument rien et n’ont aucune expérience du culte des ancêtres ou du “kajandu” , par exemple, ne sont pas moins Joola que les anciens. Ils sont Joola à leur manière et selon leur époque.
Pour conclure, que celui qui souhaite prendre part à une cérémonie d’initiation le fasse, mais en sachant (sauf s’il fait sa vie à Mlomp) qu’il n’en ressortira pas avec plus de pouvoirs symboliques ou de droits par rapport aux autres. Que celui qui décide de ne pas y participer considère aussi (surtout s’il n’habite plus à Mlomp) qu’il ne devient pas pour autant moins Joola que les autres.
Fraternellement,
Patrice Boc


Réaction de Nalik

Félicitation pour ton analyse si pertinente de cet article ahurissant sur la circoncision de l’ abbé Jules Pascal Coly dont je fus l’aîné au grand séminaire de Sébi.  A côté des amalgames que tu soulignes si clairement je déplore la lecture si fondamentaliste qu’il fait des versets de la Sainte Ecriture sur lesquels s’appuie son rejet de la participation des chrétiens à l’initiation.  L’utilisation de la Bible comme un recueil qui fournit réponse aux interrogations des hommes ubi et orbi est découragée par les théologiens.  Dans l’Eglise catholique la Bible est un livre qui donne sens et non des recettes encore moins des réponses à des problèmes étrangers à la culture de Jésus et des écrivains sacrés.

Comme tu le dis si bien, je pense que la décision pour un chrétien de prendre part à l’initiation, repose fondamentalement sur une bonne connaissance de ce qui se fait dans le secret de la forêt.  Seuls des diolas chrétiens initiés, sans parti pris et sans préjugé, peuvent éclairer les non-initiés sur la compatibilité des « apprentissages », des activités en forêt avec la foi chrétienne.  Pour ma part si l’initiation a sens de donner accès au statut d’ « homme accompli », prêt à toutes responsabilités en milieu diola sans comporter l’obligation de poser des actes religieux ou moraux contraires à la foi chrétienne (libation, sacrifice, vol…), rien dans la Bible ne peut justifier que l’on s’y oppose.  Nous devons donc faire montre de prudence et demander conseil au lieu de nous diviser sur une question dont personne ne détient la clé de la solution.

En somme quoi qu’il en soit les chrétiens initiés ne seront pas moins chrétiens que les fondamentalistes tout autant que ceux-ci ne seront pas moins diola que les initiés. 

Nalik ( Henri pour les non-familiers).

15 avril 2010

La circoncision diola

http://www.denisgilbert.canalblog.com

La circoncision est un fait social et culturel

Comme tel c'est-à-dire un simple fait de société et de culture, la circoncision ne peut être une affaire de diable ou de péché. Le péché est un acte conscient et volontaire posé par l'homme lui-même. Que le chrétien participe à la circoncision ne fait pas lui un pécheur ipso facto. « Il n'est rien d'extérieur à l'homme qui, pénétrant en lui, puisse le souiller... ce qui sort de l'homme voilà ce qui souille l'homme. Car c'est du dedans, du cœur des hommes que sortent les desseins pervers. » (Mc 7, 14-15 ; 20-21)

En tout cas, la foi chrétienne et la circoncision ne sont pas contradictoires et il existe des lieux de dialogue et même des lieux propices d'évangélisation et de témoignage chrétien. Ce fait social n'appartient pas un groupe religieux d'une manière exclusive. Et il faut bien faire la différence entre la tradition et la religion. Il existe des diolas animistes, chrétiens, musulmans et chacun à partir de ses propres convictions religieuses, peut se réclamer de ce fait social et culturel qu'est la circoncision. Les diolas n'ont pas inventé la circoncision. On la rencontre dans beaucoup de groupes sociaux et qui ne sont pas moins croyants que les diolas. En restant fidèle à la Bible, on ne voit non plus nulle part où Jésus lui-même s'oppose à la circoncision ou l'interdit purement et simplement. C'est seulement au moment où les judéo-chrétiens ont voulu faire de la circoncision une condition sine qua non pour appartenir à la nouvelle religion que venait créer Jésus qu'il y a eu problème qui a été réglé au concile de Jérusalem. D'ailleurs Jésus n'est pas intervenu dans cette affaire qu'il aurait certainement considéré comme mineure et sans importance.

Dans le bois sacré, des messes ont été dites pour les chrétiens qui y étaient. Comme prêtre, j'y étais et je n'ai vu rien qui allait à l'encontre de ma foi chrétienne ni de mon être de prêtre. Jésus est venu, dit-il lui-même, non pas pour abolir mais pour accomplir c'est-à-dire assumer tout ce qui, même dans les autres traditions religieuses, n'est pas en contradiction avec l'Evangile. Au cours son ministère public, Jésus a rencontré et dialogué avec diverses personnes qui n'étaient pas religieusement dans le même camp que lui.

Pour terminer cette petite réaction, je voudrais rappeler simplement la déclaration de l'Eglise Catholique sur les religions chrétiennes à l'issue du Concile Vatican II, il y a un peu plus de quarante ans: " L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. Toutefois, elle annonce, et elle est tenue d’annoncer sans cesse, le Christ qui est « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s’est réconcilié toutes choses [4]. Elle exhorte donc ses fils pour que, avec prudence et charité, par le dialogue et par la collaboration avec les adeptes d’autres religions, et tout en témoignant de la foi et de la vie chrétiennes, ils reconnaissent, préservent et fassent progresser les valeurs spirituelles, morales et socio-culturelles qui se trouvent en eux.
L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. Toutefois, elle annonce, et elle est tenue d’annoncer sans cesse, le Christ qui est « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s’est réconcilié toutes choses [
4]. Elle exhorte donc ses fils pour que, avec prudence et charité, par le dialogue et par la collaboration avec les adeptes d’autres religions, et tout en témoignant de la foi et de la vie chrétiennes, ils reconnaissent, préservent et fassent progresser les valeurs spirituelles, morales et socio-culturelles qui se trouvent en eux." (  préambule de Nostra Aetate).

Père Pierre Diatta
fixe: +390668407437
Portables: +393456199085  /
+393337942213    

15 avril 2010

L’INITIATION TRADITIONNELLE DIOLA

L’INITIATION TRADITIONNELLE DIOLA EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LA FOI EN CHRIST JESUS ?

Contribution de abbé Jules Pascal COLY, vicaire à la cathédrale de Saint-Louis sur l’incompatibilité entre  l’initiation traditionnelle diola et la foi chrétienne.

« Que chacun prenne garde à la manière dont il y bâtit. De fondement, en effet, nul ne peut poser d’autre que celui qui s’y trouve, c’est-à-dire Jésus Christ. Que si sur ce fondement on bâtit avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, de la paille, l’œuvre de chacun deviendra manifeste ; le jour, en effet, la fera connaître, car il doit se révéler dans le feu, et ce feu qui éprouvera la qualité de l’œuvre de chacun » 1co3, 10-13

« Le Christ tel que vous l’avez reçu, Jésus le Seigneur, c’est en lui qu’il vous faut marcher, enracinés et édifiés en lui, appuyés sur la foi telle qu’on vous l’a enseignée… » Col2, 6

« Efforce-toi de te présenter à Dieu comme un  homme éprouvé, un ouvrier qui n’a pas à rougir, un fidèle dispensateur de la parole de vérité. Quant aux discours creux et impies, évites-les. » 2tim2, 15-16

Dans un peu plus de deux (2) mois, précisément à partir du 12 juin 2010, un événement drainant une foule immense dans le fogny, appelé initiation traditionnelle diola, va se dérouler dans le Sud du Sénégal, dans le département de Bignona. Tandis que certains parmi les chrétiens s’y préparent activement, d’autres, en raison de leur foi en Christ, ont décidé de ne pas y prendre part. Et dans ce méli-mélo, plusieurs voix se sont élevées quant à la participation ou non d’un disciple du Christ à ces cérémonies. Si pour les uns, il n’y a aucun mal que le chrétien y participe, pour les autres un véritable disciple du Christ n’a pas à s’approcher de cette initiation traditionnelle diola. Qu’en est-il véritablement ?

Pour notre part, nous annonçons d’emblée que nous sommes du camp de ceux qui trouvent incompatible la foi chrétienne avec l’initiation traditionnelle diola en son état actuel. C’est pourquoi nous nous offusquons au plus haut point lorsque nous entendons surtout des pasteurs d’âmes, des curés de paroisses, des vicaires généraux encourager des amis, des parents, des fidèles à s’y rendre. D’où tiennent-ils leurs arguments ? De la parole de Dieu, notre unique constance, qui se trouve dans la Bible ? Nous aimerions savoir. Qu’ils donnent les passages bibliques qui le conseillent afin que nous guérissions de notre ignorance.

En mettant notre contribution sur internet, nous avons voulu en même temps donner aux défenseurs de l’autre camp un droit de réponse à partager aussi sur le net, s’ils en ont le courage. Nous trouvons cela meilleur que  de parler en petits cercles, et souvent sans aucun argument biblique ou théologique. Jusqu’à la preuve du contraire, nous les savons honnêtes. Alors nous espérons qu’ils nous répondront sur la toile avec des arguments bibliques ou théologiques et en signant leur contribution.

Notre contribution ne s’appuiera que sur la Parole de Dieu dans la Bible. Il nous sera loisible toutefois avant de l’exposer de faire un petit détour sur les arguments du camp opposé au nôtre pour les passer au feu purificateur de la Parole de Dieu.

Auparavant, nous voudrions dire à nos confrères prêtres que nous sommes libres d’avoir nos opinions personnelles sur tout sujet de la société et de l’Eglise, mais que nous n’ignorions jamais que c’est la Parole de Dieu, rien que la Parole de Dieu  qui doit être dite lorsque nous nous adressons à nos frères et sœurs. Et  cette parole est éternelle comme le rappelle Jésus en Mc13, 31 en ces mots : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. »

Parmi les arguments que donne le camp de ceux qui jugent compatible la participation du chrétien à l’initiation traditionnelle diola, nous relevons, entre autres, le vécu de Jésus de sa tradition (sa circoncision (Lc2, 21), sa présentation au temple (Lc2, 22-28)) et la présence de prêtres à cet événement.

Pour eux, puisque Jésus a vécu sa tradition, tout chrétien se doit aussi de vivre sa tradition, dans un esprit d’imitation de Jésus Christ. En soi, à notre avis, il n’y a aucun mal à le faire. Mais ne faudrait-il pas d’abord chercher à savoir si cette tradition ou des rites de cette tradition sont compatibles à la foi chrétienne ?

Pour ce qui concerne la circoncision de Jésus, rien dans la Bible ne nous montre qu’elle est opposée à la foi en Dieu Père. Quant à sa présentation au temple, l’offrande réclamée par la Loi du Seigneur d’un couple de tourterelles ou de jeunes colombes (cf. Lc2, 24) était véritablement destinée au Seigneur. « Tout  garçon premier-né sera consacré au Seigneur » Lc2, 23.

Peut-on en dire autant de TOUS LES SACRIFICES qui  sont faits avant, pendant et après l’initiation traditionnelle diola ? Entre autres sacrifices, ceux des animaux le sont-ils pour le Dieu de Jésus Christ ? Par ailleurs les futurs initiés sont-ils amenés dans la forêt dans le but d’être présentés au Seigneur comme ce fut le cas pour Jésus lors de sa présentation au temple ? Aucun bon sens relatif à notre foi chrétienne ne nous donne de répondre à l’affirmative. Alors, à notre avis, s’appuyer sur l’argument de l’imitation de Jésus Christ qui a vécu sa tradition pour demander aux chrétiens d’aller à l’initiation traditionnelle diola n’est ni solide ni sérieux.

Quant à l’argument de la présence de prêtres au « bois sacré », peut-on dire que ces derniers le font au nom de l’Eglise ? Si oui, qui les a mandatés ? Leur évêque, un dicastère romain ?  Nous pencherons, pour notre part, pour une autre  réponse : c’est en leur propre nom qu’ils s’y rendent. Car dans aucun de nos cours théologiques ou dans notre méditation des textes sacrés, nous n’avons rencontré des allusions encourageant à aller au nom de l’Eglise communier à une autre table. Si ces prêtres nous disent le contraire, ce serait intéressant qu’ils citent leurs sources qui encouragent cette communion aux deux tables. La Parole de Dieu sur ce point est très explicite : «  Fuyez l’idolâtrie » 1Co10, 14, « Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur et la coupe des démons, vous ne pouvez pas participer à la table du Seigneur et à la table des démons. »1Co10, 21

En outre, ce n’est pas parce que des prêtres ont pris part à l’initiation traditionnelle diola que c’est l’Eglise qui les y a envoyés. L’Eglise peut-elle d’ailleurs inviter à prendre part à un événement contraire à ses textes sacrés ? Bien sûr que non. D’où la pertinence de l’appel de saint Paul dans sa lettre aux Colossiens : « Prenez garde qu’il ne se trouve quelqu’un pour vous réduire à l’esclavage par le vain leurre de la « philosophie », selon une tradition toute humaine, selon les éléments du monde, et non selon le Christ. » Col2, 8

Alors l’argument de la présence de prêtres à ces cérémonies d’initiation traditionnelle diola ne saurait suffire à un véritable chrétien pour sa participation à ces rites.

Le premier argument de même que le second ci-dessus mentionnés ne sont donc pas solides, à notre avis, pour étayer la compatibilité entre la foi chrétienne et l’initiation traditionnelle diola en son état actuel. Que le camp adverse trouve donc d’autres arguments pour convaincre !

Vu avec un œil non averti, il n’y a aucune faute pour un chrétien, un disciple du Christ, de participer à cette initiation traditionnelle diola. Car il s’y agira d’instruire l’homme diola à une bonne tenue dans la société, à la bravoure, aux vertus et aux valeurs culturelles diolas. Si ce n’était cela qui s’y passe et rien d’autre, cette démarche, il faut le reconnaitre, serait à saluer et à encourager. Ce n’est malheureusement pas le cas. Les personnes averties le savent bien.

Dans nos traditions africaines, tout grand événement connait un avant, un pendant et un après et la tradition diola ne fait pas exception. Au cours de ce grand événement, tout comme avant et après celui-ci, des sacrifices sont TOUJOURS offerts (qui peut le nier ?). Pour qui le sont-ils ?

Aux yeux de l’Eglise et de son véritable fidèle, il n’y a point de doute : ils le sont pour une autre puissance et non pour Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ. Et même si d’aventure, des voies chrétiennes se levaient pour dire que c’est pour Dieu que ces sacrifices sont offerts, ne seront-elles pas en porte-à-faux avec la Parole éternelle de Dieu qui a révélé, à propos de sacrifice, que le Christ, venu parfaire la loi (cf. Mt5, 17-18), a fait l’unique et dernier sacrifice qui plait au Père et qu’il n’y a plus d’autres sacrifices à faire ? (cf. col2, 14 ; he2, 17 ; he8, 6-7, he10, 10). Bien sûr que oui. Alors nous martelons de nouveau que la foi chrétienne est incompatible avec l’initiation traditionnelle diola en son état actuel. Y prendre part, c’est ramer à contre courant de notre Seigneur Jésus qui révéla qu’on ne peut servir deux maitres (cf. Lc16, 13) et que celui qui n’est pas avec lui est contre lui (cf. Mt12, 30).

Avec saint Paul également, notre foi chrétienne peut affirmer de nouveau l’opposition entre une vie chrétienne et la fréquentation du « bois sacré » : «Ce qu’on immole, dit l’apôtre, c’est à des démons et à ce qui n’est pas de Dieu qu’on l’immole. Or je ne veux pas que vous entriez en communion avec les démons» 1Co10, 20.

Alors, à la lumière de la parole de Dieu avec tous ces passages ci-dessus invoqués, où se trouve la compatibilité de notre foi chrétienne avec l’initiation traditionnelle diola ? Nulle part !

Par ailleurs comment se fait-il que, pour quelque chose que d’aucuns disent compatible avec la foi chrétienne, avec Dieu donc, l’on parle de représailles des forces occultes si l’on refuse d’y prendre part ? Le Dieu de Jésus Christ,  peut-il s’associer à des puissances qui nuiraient à sa créature préférée, l’homme, qu’il a crée par amour et à qui il  a donné la liberté de choisir? Cela ne peut effleurer notre esprit. S’il  y a donc une force qui cherche à réprimer et qui réussit malheureusement à le faire à certains lorsqu’ils ont refusé d’aller au « bois sacré », celle-ci, à coup sûr, n’a rien à voir avec notre Dieu et ne peut le confesser. Or qui ne confesse pas ce Dieu, confesse d’autres puissances. Qui peut prouver le contraire ?

Les missionnaires à Bignona et monseigneur Augustin SAGNA, évêque émérite du diocèse de Ziguinchor qui avaient interdit en 1968 (je n’étais pas encore né) à leurs fidèles de prendre part aux cérémonies de l’initiation traditionnelle diola avaient, à notre avis, vu juste. Parmi ceux qui ne s’étaient pas rendus dans la forêt, de nombreux témoins sont encore vivants. Beaucoup d’entre eux ont fondé des familles, réussi leur vie et aujourd’hui jouissent paisiblement de leur retraite. (Pour information, au plan mystique, aucune puissance maléfique ne peut nuire à quelqu’un si celui-ci n’a pas ouvert de brèches). Ces derniers, sont-ils moins « homme diola » que les autres qui sont rentrés dans le « bois sacré ». Nous ne le croyons pas.

Loin de nous l’idée de rabaisser l’initiation traditionnelle diola. Mais en son état actuel où des sacrifices sont offerts avant, pendant et après son déroulement, nous ne pouvons y participer ni encourager les fidèles chrétiens à y prendre part.

Ceci dit, des questions nous hantent l’esprit. Si l’initiation traditionnelle diola n’est organisée juste que pour enseigner les vertus et valeurs culturelles diolas, pourquoi attendre plusieurs années, plus d’une décennie, pour sa programmation ? L’organiser chaque année ou au maximum tous les trois ou cinq ans, ne serait-il pas plus judicieux pour doter l’homme diola d’un bagage culturel suffisant pour sa bonne tenue en société ? Les valeurs que la famille, l’école, l’Eglise et les divers lieux d’éducation ont données à l’homme diola de notre génération, ne sont-elles pas suffisantes pour savoir se tenir en société ? Si oui, pourquoi donc une autre initiation à la vie en société à notre âge? Si non, ceux de notre génération, ne sont-ils pas à blâmer pour n’avoir pas appris plus tôt les bonnes manières en société ?

Autant de questions qui connaitront peut-être un jour des réponses. En attendant, nous réitérons qu’une vie de véritable disciple du Christ ne peut aller de pair avec une fréquentation de l’initiation traditionnelle diola en son état actuel.

Vive Jésus Christ ! Vive la fidélité à la foi en Christ !

Abbé Jules Pascal COLY

vicaire à la cathédrale de Saint-Louis

Publicité
Publicité
15 avril 2010

L’inaptitude des élèves à la lecture est ‘’une catastrophe’’

Actualités > Société


APS :    Jeudi 8 Avr 2010

Imprimer l'article

E-mail l'article

Réagir à l'article

Commentaires [ 35 ]

   

L’inaptitude des élèves à la lecture est ‘’une catastrophe’’ (chercheur)

Dakar, 7 avr (APS) – Le niveau d’inaptitude en lecture dans les écoles publiques est tel qu’on assiste à une ‘’véritable catastrophe pour des enfants qui ont fait trois années à l’école alors que de ces compétences pouvaient être acquises au CI ou au CP’’, a indiqué un enseignant-chercheur de l’Institut national d’études et d’actions pour le développement de l’éducation (INEADE).

Membre de l’équipe qui a mené une étude sur ‘’l’Evaluation des compétences fondamentales en lecture au Sénégal’’, le Professeur Momar Samb a relevé que ‘’les élèves en CE1 ne savent pas lire alors qu’ils commencent à apprendre des leçons en géographie, histoire, observation’’.

Interrogé mercredi par l’APS, en marge de la journée de partage des résultats de cette étude faite en 2007 dans toutes les régions et reprise en 2009, il a souligné que si la question de l’accès à l’école été résolue avec les enfants de toutes les couches sociales qui vont à l’école, la question de la qualité reste encore latente.

’’La question est d’autant plus préoccupante que des évaluations ont été faites qui montrent que même des élèves de CE2, CM1 n’arrivent pas à lire’’, a-t-il assuré.

Ainsi en classe de CE1, 72 élèves sur 100 ne peuvent lire 50 mots d’un texte en une minute et 26% des élèves n’ont pas pu lire un seul mot inventé c’est-à-dire un mot qui n’existe pas et formé juste pour vérifier sa capacité à pouvoir décoder, a-t-il expliqué.

Un seul élève sur 10 est capable de lire 50 mots d’un texte par minute alors que la moyenne du nombre de mots lu correctement en une minute est de moins de 1. Avec la phrase, ‘’c’est la fête au village’’, l’étude a montré qu’une élève sur 5 n’arrive pas à lire cette phrase toujours en CE1.

Sur 60 mots en une minute, l’élève ne peut lire que 18 et ne peut pas comprendre le texte qu’on lui demande de lire au niveau de l’enseignement publique, a encore révélé Momar Samb, citant ainsi les résultats de l’étude déroulée dans 50 écoles et auprès de 700 élèves.

‘’La compétence de lecture est fondamentale parce qu’elle permet d’acquérir d’autres savoirs et d’autres compétences’’, selon Momar Samb qui estime qu’on doit ‘’pouvoir apprendre à lire dans le but de lire pour apprendre’’. Ce manque de compétence lecture entraîne des échecs scolaires et des échecs dans la vie, note l’enseignant.

Toutefois l’étude n’a pas mesuré les compétences au niveau de l’enseignement privé, puisque c’est dans le public qui a une envergure nationale à un niveau ou les citoyens, les contribuables avec leurs impôts financent cette école.

‘’Nous n’avons plus voulu entrer dans l’identification des causes, mais il y a des variables qui dans l’étude ont été ressortis puisque certains élèves qui arrivaient à bien lire avaient fait le préscolaire, c’est un variable qui impacte sur la capacité de l’élève à lire’’, a-t-il précisé.

La présence de manuels scolaires est un élément qui va dans ce sens en plus du temps d’étude.

L’étude note que dans les classes où les élèves étaient bien formés, les maîtres ne s’absentaient pas beaucoup, ‘’le niveau académique des maîtres et des directeurs jouent également dans l’acquisition des compétences en lecture’’, a-t-il dit .

‘’On ne peut pas dire que ces facteurs sont les causes mais il y a un lien entre ces facteurs et la capacité de l’élève à lire ou non’’, a-t-il ajouté.

L’objectif de la journée était de partager les résultats et permettre de construire une stratégie de communication pour un partage plus large avec tous les acteurs du système éducatif, afin d’arriver à une mobilisation sociale comme dans les autres domaines de la santé et du social.

‘’De la même manière, nous voulons attirer l’attention des populations et du public sur ce mal pour que tout le monde se sente concerné — les parents d’élèves, les collectivités locales , les autorités publiques, les enseignants — pour qu’ensemble nous puissions trouver des solutions à ce problème’’, a plaidé Momar Samb.

Maintenant, a-t-il ajouté l’objectif est de ‘’mobiliser l’opinion pour communiquer et partager cette situation de nos enfants atteints d’une maladie : c’est l’incompétence en lecture’’.

Les participants issus de tous les secteurs en rapport avec l’éducation ont été appelés à identifier des messages de sensibilisation pour des solutions idoines.

Le Professeur Momar SAMB

15 avril 2010

L'incompétence des éléves à la lecture après trois ans de scolarité au Séngal

L’INAPTITUDE DES ELEVES A LA LECTURE : UN PROBLEME STRUCTUREL ET INSTITUTIONNEL

Le constat de Mr Momar SAMB, sur l’incompétence à la lecture d’élèves du primaire dans les écoles publiques du Sénégal qualifié de catastrophique, est une réalité sur presque l’ensemble du territoire national. La baisse du niveau des élèves est perceptible partout dans les institutions scolaires publiques du Sénégal. Comment expliquer cette situation ?

L’inaptitude des élèves à la lecture est « l’arbre qui cache la forêt ». Car cette situation est, à mon sens, une des conséquences de la crise du système éducatif sénégalais. Vingt ans après l’indépendance du pays, les citoyens qui ont été scolarisé dans le système colonial déploraient la faiblesse des élèves. Cette inquiétude aboutira à l’organisation des Etats généraux de l’éducation et de la formation en 1981. En effet, la qualité des institutions éducative n’a pas suivi après l’indépendance. Le pays n’était pas suffisamment préparé pour assurer une scolarité de base conséquente. La situation a comme surpris les politiques d’alors. Les politiques s’étaient appuyés sur l’existant colonial sans penser à l’entretenir en projetant dans l’avenir. La sédimentation des insuffisances du système avait pris des proportions incontrôlables. En plus, les gouvernements et l’administration qui se sont succédés étaient conscients de cette situation scolaire. Des raisons économiques étaient souvent évoquées pour justifier le manque de volonté politique. Le Sénégal, en matière de conception de curricula, est très fort mais leur mise en œuvre ne suit jamais. Au-delà des états généraux de l’éducation et de la formation, des séminaires de recherche qualité ont suivis et n’ont rien apporté de concret à la résolution de la baisse de niveau.

D’après les études faites sur le Sénégal, du point de vue da la qualité, le diagnostic a fait état des causes suivantes :

Entre 1970 et 1997, le nombre d’élèves par classe suivi par un enseignant est passé de

46 à 59, ce qui révèle la situation critique de l’enseignement dans l’élémentaire.

Le nombre de matériel scolaire est insuffisant, 1 livre de lecture pour trois élèves et 1

pour 5 élèves en calcul, 50% du mobilier scolaire est en mauvais état, 100 000 tables

bancs presque inutilisables.

Le niveau de redoublement de plus en plus en hausse. De 12,69% dans les cinq

premières années en moyenne, il atteint 28% en cours moyen deuxième année « sur

100 élèves admis au CI, les 3/5e vont redoubler au moins une fois à la fin du cycle ».

Le nombre d’élèves qui abandonnent en cours de cycle est estimé à 8% en 2000. Ils

sont plus nombreux en milieu rural. Il faut presque 14 ans pour former un diplômé de

l’enseignement élémentaire ce qui demeure un obstacle de développement de

l’enseignement élémentaire.

Les programmes n’ont pas fondamentalement changés depuis 1960, et leur

impertinence conduit encore aux crises actuelles de l’enseignement. Des programmes

traditionnels et pilotes sont actuellement développés et, depuis octobre 2000, un

curriculum est en cours d’élaboration.

Un cadre politique des innovations entreprises au niveau élémentaire n’existe toujours

pas. Il est noté également une absence d’évaluation et de suivi des actions entreprises.

Les résultats enregistrés pour l’instant dans les écoles traditionnelles et pilotes

demeurent faibles. Ce modèle d’école n’a pas de surcroît une culture de l’évaluation et

du suivi des actions entreprises malgré l’existence d’équipes d’évaluateurs.

Les écoles de formation des instituteurs qui ont remplacé les écoles normales ont

diminué la durée de formation des enseignants qui étaient de quatre ans. Aujourd’hui

elle est d’une année. A cela s’ajoute un nombre important de volontaires formés sur

une période beaucoup plus courte : trois mois.

Il existe un réel problème d’organisation au niveau du personnel enseignant. Cette

situation est d’autant plus aggravée par le recrutement de volontaire et le surplus

d’inspecteurs adjoints à l’ENS ; alors que la norme dans le rapport inspecteur/maître

demeure 1 pour 50, il est actuellement d’1 pour 159.

La gestion et le développement du nouveau modèle éducatif fondé sur les réalités

socioculturelles du pays et qui intègre les questions de santé et de nutrition avec

l’implication de la communauté sont encore bien lents.

L’utilisation des nouvelles technologies de l’information demeure également très

lente.

Il n’existe quasiment pas d’interventions sanitaires et de prise en charge des élèves

dans les établissements. Le personnel sanitaire dans ce domaine est faible et ne

dispose pas de matériels de travail dans ce sens. Le suivi sanitaire demeure également

très problématique.

Le diagnostic est lourd de conséquence. Il relève le manque de matériel didactique et pédagogique, le déficit de la qualité de l’enseignement, du personnel enseignant et la formation au rabais etc. Mais il importe de revenir sur les compétences requises à la maternelle et qui permettent à l’enfant de  commencer paisiblement le cycle élémentaire. Donc le langage doit être  au cœur de l’apprentissage.   

Le langage au cœur de l’apprentissage

Il est évident qu’un enfant ne vient pas au monde avec des savoirs pré-requis. Il nait avec un dispositif cognitif qui va se développer en fonction de sa croissance et de sa santé. Ainsi les compétences langagières sont acquises tout long de son éducation. C’est pour cela, le programme de la maternelle s’intéresse aux compétances suivantes :

Compétences de communication
répondre aux sollicitations de l’adulte en se faisant comprendre dès la fin de la première année de scolarité (à trois ou quatre ans),
prendre l’initiative d’un échange et le conduire au-delà de la première réponse,
participer à un échange collectif en acceptant d’écouter autrui, en attendant son tour de parole et en restant dans le propos de l’échange.

Compétences concernant le langage d’accompagnement de l’action (langage en situation)
comprendre les consignes ordinaires de la classe,
dire ce que l’on fait ou ce que fait un camarade (dans une activité, un atelier...),
prêter sa voix à une marionnette.

Compétences concernant le langage d’évocation
rappeler en se faisant comprendre un événement qui a été vécu collectivement (sortie, activité scolaire, incident...),
comprendre une histoire adaptée à son âge et le manifester en reformulant dans ses propres mots la trame narrative de l’histoire,
identifier les personnages d’une histoire, les caractériser physiquement et moralement, les dessiner,
raconter un conte déjà connu en s’appuyant sur la succession des illustrations,
inventer une courte histoire dans laquelle les acteurs seront correctement posés, où il y aura au moins un événement et une clôture,
dire ou chanter chaque année au moins une dizaine de comptines ou de jeux de doigts et au moins une dizaine de chansons et de poésies.

Compétences concernant le langage écrit 

Fonctions de l’écrit
savoir à quoi servent un panneau urbain, une affiche, un journal, un livre, un cahier, un écran d’ordinateur... (c’est-à-dire donner des exemples de textes pouvant être trouvés sur l’un d’entre eux).

Familiarisation avec la langue de l’écrit et la littérature
dicter individuellement un texte à un adulte en contrôlant la vitesse du débit et en demandant des rappels pour modifier ses énoncés,
dans une dictée collective à l’adulte, restaurer la structure syntaxique d’une phrase non grammaticale, proposer une amélioration de la cohésion du texte (pronominalisation, connexion entre deux phrases, restauration de l’homogénéité temporelle...),
reformuler dans ses propres mots un passage lu par l’enseignant,
évoquer, à propos de quelques grandes expériences humaines, un texte lu ou raconté par le maître,
raconter brièvement l’histoire de quelques personnages de fiction rencontrés dans les albums ou dans les contes découverts en classe.

Découverte des réalités sonores du langage
rythmer un texte en en scandant les syllabes orales,
reconnaître une même syllabe dans plusieurs énoncés (en fin d’énoncé, en début d’énoncé, en milieu d’énoncé),
produire des assonances ou des rimes.

Activités graphiques et écriture
écrire son prénom en capitales d’imprimerie et en lettres cursives,
copier des mots en capitales d’imprimerie, en cursive avec ou sans l’aide de l’enseignant,
reproduire un motif graphique simple en expliquant sa façon de procéder,
représenter un objet, un personnage, réels ou fictifs,
en fin d’école maternelle, copier une ligne de texte en écriture cursive en ayant une tenue correcte de l’instrument, en plaçant sa feuille dans l’axe du bras et en respectant le sens des tracés.

Découverte du principe alphabétique
dès la fin de la première année passée à l’école maternelle (à trois ou quatre ans), reconnaître son prénom écrit en capitales d’imprimerie,
pouvoir dire où sont les mots successifs d’une phrase écrite après lecture par l’adulte,
connaître le nom des lettres de l’alphabet,
proposer une écriture alphabétique pour un mot simple en empruntant des fragments de mots au répertoire des mots affichés dans la classe.

Donc si nos élèves n’arrivent pas à lire les trois premières années de leur scolarité et parfois même jusqu’en classe de CM2, je pense que pour la majorité ces compétences précitées ne sont pas installées. Parfois, ils ont des pré-requis de ces compétences grâce à la famille et à la société. Malheureusement, elles ne sont pas formalisées ou systématisées. La lecture est une compétence. Elle exige une démarche pédagogique. Après les acquis langagiers, l’enfant doit découvrir le principe alphabétique en mettant à contribution ses sens avec l’aide du maître. L’action du maître est importante pendant les phases de l’apprentissage des sons, de la formation des lettres et de la construction des mots. Un enfant qui est acteur de sa propre réalisation trouvera toujours du plaisir à lire ce qu’il a écrit ou créer. Cependant, les classes pléthoriques contribuent largement à l’inaptitude des élèves à la lecture. Comment un maître peut-il suivre, de manière personnalisée, une classe de plus quatre vingt dix élèves. Les conditions socio-économiques des élèves n’étant pas égales, les plus défavorisés sont abandonnés en cours de route. L’inaptitude des élèves à la lecture est surmontable à condition que l’Etat aie une volonté politique affirmée.

L’Etat ne scolarise pas, mais vit de la situation catastrophique du système éducatif pour demander partout de l’aide sans que celle-ci profite à l’éducation des jeunes citoyens. Si la situation perdure, c’est le développement du pays qui sera hypothéqué. Car un citoyen mal formé est un danger pour la société.

Paul Ange Diatta

ange_diatta@msn.com 

Publicité
Publicité
Publicité